samedi 12 juillet 2014

Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ?

Titre

Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ?

Scénaristes

Philippe de Chauveron, Guy Laurent.

Commentaire

Une farce remplie de clichés et sans trame organique qui interroge sur l'incroyable succès de ce film pourtant consternant, et malgré un thème prometteur et des comédiens honorables, malheureusement peu aidés par le scénario (à l'image sans doute des précédentes oeuvres des mêmes auteurs : Neuilly sa mère, Ducobu, Les seigneurs...). C'est que les contextes de crises sont très favorables aux comédies, même les plus mauvaises.

1) Points forts
L'idée de fédérer autour du sujet de la tolérance est universelle et touche forcément tout public. La confrontation d'un juif, d'un musulman, d'un chinois, d'un noir catholique, et de parents conservateurs gaullistes, contient tous les ingrédients pour un vrai boulevard vaudevillesque. Ce qui aide le récit à tenir car de simples confrontations induisent des situations cocasses.
Ce sera tout, hélas.

2) Points faibles
Tout d'abord, le racisme latent des parents n'est pas nourri. On subit donc leur rejet des autres, sans aucun fondement. Ainsi, Claude Verneuil (Christian Clavier), dénonce les dérives de ses gendres sans que nous les ayons vécues ni identifiées, ne serait-ce que par amalgame de faits observés sur des populations équivalentes, à la télévision. Les dialogues regorgent alors de pics absolument indigestes, parfaitement racistes, sans que rien ne soit mis en place pour les justifier. Et ce mécanisme non organique se répète. Lors du premier repas de famille, chaque gendre se défoule en critiquant l'autre à travers des clichés téléphonés, tels que "tu es juif, donc, tu es comme-ci", "tu es rebeu, donc, tu es comme ça", toi, le chinois, tu es comme cela...". Et l'on devrait en rire ?
Les réactions à chaque événement sont en outre totalement irréalistes et démesurées. Le père africain fait inviter 400 convives au mariage de son fils et annule au dernier moment. Les engueulades s'additionnent alors que rien de grave n'est commis et qu'aucun enjeu dramaturgique n'est identifié (menace de mort, incompatibilité religieuse, allergie, atteinte morale ?).
L'histoire se termine en happy end par un mariage attendu depuis le début. So what ?

3) Le même scénario, réécrit
Pour nourrir organiquement ce récit, la première chose à développer eut été de mieux caractériser chaque personnage secondaire, non pas les conjoints qui ont déjà leur spécificité culturelle, mais les quatre soeurs qui les épousent. Elles n'apportent pas grand chose à la trame du récit alors qu'elles sont le pilier et le ciment qui doit justement fédérer tout ce beau monde.
Ensuite, une vanne ne peut faire rire que si elle est nourrie. Aussi, il faudrait que chaque cliché raciste puisse être la conséquence d'une mauvaise expérience vécue par les parents conservateurs que nous avons besoin, en tant que spectateur, de connaître. Et il aurait fallu à chacun de prendre sur soi pour prouver qu'aucun amalgame ne doit être fait et que, dans bien des situations, au contraire, les caractéristiques culturelles et sociales de ceux qui apportent une différence peut au contraire sauver bien des situations. Ce qui implique qu'une situation personnelle du père conservateur aurait dû être nourrie (une faillite, une maladie, une grande épreuve plus grave d'une tentative de divorce) pour se voir ensuite déliée grâce au concours de ses gendres et tout le monde aurait été rassasié, happy end ! Mais on reste très loin du compte. Et Christian Clavier qui nous torpille de rire dans d'autres comédies ne sort pas ici très grandit, et nous non plus.

Un autre film sur le choc des cultures, bien plus brillamment conduit, était Black and White, sorti en 2005. Là, oui, les scènes sont nourries et participent à un rire bien construit et une happy end aidant à la tolérance. Préférez ce dernier.

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