lundi 7 juillet 2014

Monuments men

Titre

Monuments men

Scénaristes

George Clooney, Grant Heslov, Robert M. Edsel, Bret Witter.

Commentaire

Des missionnaires à la recherche d'un trésor perdu, subtilisé par les nazis en 1943, mais dont le récit manque profondément de placements et d'enjeux nourris. On obtient une oeuvre lente qu'on subit, et le casting exceptionnel ne suffit naturellement pas à relever la sauce.

1) Points forts
L'idée de narrer les aventures d'artistes et de collectionneurs d'art, dans le contexte d'une guerre mondiale et face à des opposants de sensibilité pour le moins différente, est prometteuse et permet bien des confrontations. Comment un être passionné d'art et sensible, réservé, discret, pacifiste, peut-il en effet accepter de s'engager, en guerre, prendre les armes, pour défendre une cause alors que sa propre sensibilité devrait, semble-t-il, lui interdire ? C'est original, universel, et historique. Tout est là pour en faire un très grand film.
L'oeuvre ne tente pas de reproduire les effets visuels néo-réalistes de Il faut sauver le soldat Rayan, même si le procédé dramatique et l'époque du récit ont beaucoup de similitudes.

2) Points faibles
D'un point de vue esthétique, aucune idée spécifique de mise en scène n'est apportée alors qu'on parle d'art, et de ce que les grands créateurs du XXème siècle et de la Renaissance ont apporté à notre civilisation. On passe à côté de l'occasion de jouer de mise en scène en corrélation avec ce qui est raconté.
L'enjeu est important, celui de sauver des oeuvres d'Art essentielles de notre civilisation, mais il est mal nourri, voire pas du tout. Comment celui qui n'a pas de culture artistique peut apprécier le fait que des hommes vont tuer et se faire tuer pour des oeuvres d'art ? Il manque indéniablement quelques séquences de leçons autour de l'importance que revêt une oeuvre d'art dans l'évolution de nos sociétés, comme par exemple, ce que la Joconde introduit par la rupture qu'elle incarne entre un mode symbolique et religieux, de représentation, et le mode rationaliste renaissant, préambule à une révolution humaniste et industrielle...
On retrouve plan par plan quelques copies stériles de scènes d'autres films, comme dans Good morning Vietnam, avec la scène du phonogramme qui diffuse une musique sensible dans un camp de militaires et qui émeut tout le monde. Aucun distance n'y est apportée.
On ne comprend pas bien non plus comment l'équipe de collectionneurs se monte si joyeusement et si rapidement, sans aucun clivage. Tous apparaissent naturellement bons soldats et de bons va-t-en guerre. C'est irréaliste et très proche de la propagande.
Outre un manque sérieux de scènes nourries, beaucoup de séquences ne font pas vraiment progresser le récit non plus. Ainsi, l'équipe progresse de ville en ville, sans forcément obtenir de réponses, en observant l'environnement, mais sans qu'aucune action ne soit réellement déterminante pour la suite.

3) Le même scénario, réécrit
Pour rendre cette brillante idée plus efficace, il aurait fallu nourrir bien plus les enjeux des collectionneurs en leur attribuant un objectif personnel, en plus de l'objectif global de sauver l'art. Par exemple, l'un d'entre eux aurait pu avoir vu ses frères tués par les nazis, il se serait vengé. Un autre aurait vu les oeuvres de sa thèse brûlées, il aurait voulu réparer. Un autre aurait même pu être presque collabo, mais, passionné d'art, il se serait rangé auprès des résistants ! Conflits en perspective !
En outre, il convient évidemment de ne pas conserver les scènes qui n'apportent pas de sens, dans lesquelles les comédiens déambulent sans aboutir à quelque réponse que ce soit.
Une oeuvre qui parle d'Art sans en exposer les préceptes est forcément bancale. Une petite leçon magistrale de quelques minutes sur ce qu'est une oeuvre aurait également fortement renforcé l'objectif principal d'accepter de sacrifier des vies pour une cause noble.
Et enfin, il nous manque une mise en scène digne, dans laquelle on aurait pu découvrir, grâce aux nombreuses occasions qui nous étaient données, de pénétrer dans les mines sombres, des jeux de lumière qui suggèrent les clair-obscurs et les oeuvres picturales les plus célèbres ; ou lorsque l'équipe de militaires se retrouve au coin du feu, on aurait aimé voir remis en situation un tableau néo-classique historique. Vivement un remake pour cette noble aventure !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire