mardi 18 février 2014

American bluff

Titre

American bluff

Scénaristes

David O. Russel, Eric Singer.

Commentaire

Un coup monté entre escrocs qui ne succombe pas à la violence gratuite des films de gansters, ni à une course contre la montre stérile, mais qui traine hélas un peu en longueur à cause d'un démarrage à l'enjeu faible.

1) Points forts
Le scénario rebondit sur la complexité d'une manoeuvre dont on suit la trame au fur et à mesure de sa construction, jusqu'au point ultra sensible du non retour. Et le tout, sans artifices habituels des films commerciaux : violence, explosions, course contre la montre. Réussir à maintenir le spectateur ainsi est donc une prouesse.
On apprécie également le style très marqué années 70, bien que le metteur en scène n'insiste pas sur cet aspect : cheveux volumineux, bigoudis, cigarettes, lunettes fumées, costumes à carreaux, barbes, décolletés post-hippie et discos.

2) Points faibles
Le récit se construit en trois temps. D'abord, Irving Rosenfled (Christian Bale) arnaque quelques riches investisseurs à la manière de Maldoff en leur promettant des intérêts extravagants dont ils ne verront jamais la couleur. Puis, il se fait prendre et doit comploter avec un flic, Richie (Bradley Cooper) pour sauver sa peau en piégeant la Mafia locale. Enfin, il décide de se débarrasser de ce jeune et ambitieux parasite en renversant à son avantage le coup. Le problème est que le véritable enjeu, parvenir à sortir d'un piège tendu par le flic, arrive bien tard. Du coup, on subit les petites escroqueries du début jusqu'à la bonne moitié du film d'autant que le premier objectif n'a pas d'enjeu. Les objectifs du départ sont en effet bien définis : gagner en arnaquant les riches, sauver sa peau en complotant avec un jeune flic, mais pas les enjeux. Pourquoi Irving cherche-t-il à arnaquer les riches ? S'il ne le faisait pas, qu'aurait-il à perdre ? Rien. De même, une fois que l'on a compris qu'il devait alors comploter pour sauver sa peau, on attend trop longtemps que le coup final se monte pour voir comment il va s'en sortir. La construction de l'affaire se noie dans des détails qui ne font pas toujours progresser le récit utilement. D'où une sensation d'épuisement, qui se dissipe fort heureusement dès que le projet se confirme à l'occasion de la rencontre piégée par le FBI et de tous les escrocs.

3) Le même scénario, réécrit
En plus de rogner sur l'installation lente du grand complot final, pour renforcer la ligne d'action, il faudrait mieux nourrir les raisons qui motives Irving à avancer. On sait Irving cardiaque. On sait aussi que c'est l'amour porté à son fils qui l'invite à aller de l'avant pour subvenir aux besoins de son ex-femme qui, en contre partie, lui cède la garde de l'enfant. Mais on ne le voit pas assez dépendre de cela pour motiver l'enjeu, base de la trame conflictuelle de ce scénario. Il y aurait donc quelques scènes de crises d'angoisse et de crises cardiaques à placer pour marquer cet attachement, ainsi qu'une attention renouvelée du fils sur la fierté de voir un père escroquer peut-être d'autres voyous. On félicitera l'absence d'artifices néanmoins dans cette histoire, inspirée de faits réels.

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