mercredi 8 janvier 2014

Le loup de Wall Street

Titre

Le loup de Wall Street

Scénaristes

Terence Winter, d'après l'oeuvre de Jordan Belfort.

Commentaire

Un fresque jubilatoire avec un arrière-goût de manque, malgré ses 2h59 de folie passagère.

1) Points forts
Le récit relate la folie d'un trader de Wall Street de ses débuts à son aboutissement, tout en nuances et en détails. Cela faisait longtemps que le cinéma ne nous avait pas offert de tels portraits de salop, d'abord en innocent dépucelé, puis en violent assumé.
La qualité de caractérisation de chaque personnage, même les plus secondaires, relève plus encore la sauce. On soulignera par exemple l'homosexualité cachée d'un collègue, qui intègre le récit de manière parfaitement organique, lorsqu'on découvre que ce dernier a introduit des gays voleurs au sein du foyer de notre héro Jordan (Leonardo di Caprio), alors au pied du mur et en proie à se révéler en véritable mafieux revanchard.

2) Points faibles
Le film qui entretient l'absurde en juxtaposant les situations grotesques (gaspillages inconsidérés, moeurs sexuelles débridées, drogue, corruption) ne parvient pas à rivaliser avec l'humour encore plus extrême et décalé d'un Sacha Baron Cohen. Ce scénario était fait pour lui ! Ici, on sent la lourdeur d'un cinéma posé, léché, celui de papa.
Le sentiment de lenteur intervient également à force de laisser voir nos furieux traders dans leur seul univers, sans jamais se confronter à ce qui les oppose, ou si rarement. Ils ne rencontrent pas la misère, la chasteté, la sagesse, le calme, l'intégrité, tout ce qui aurait facilement contribué à renfocer le conflit et l'action. On se contente de compagnes parfois outrées par la rencontre d'une fille de joie encore plus dépravée, et d'un père au début un peu timoré mais vite assimilé.
Les dialogues ne font pas légion non plus. Quelques répliques sont même quelques fois téléphonées, compensées heureusement par des gags qui entretiennent l'attention un peu artificiellement mais agréablement.

3) Le même scénario, réécrit
Le récit fait apparaître, lors des grandes manoeuvres boursières de nos protagonistes, une clientèle populaire, facile à piéger. Mais nous ne les voyons pas. Il aurait fallu les faire intervenir pour qu'ils réclament leur argent quand leurs actions s'effondrent. Nous aurions alors vu comment ces horribles financiers considèrent avec tant de mépris les humbles gens et les éventuelles questions existentielles qu'ils se posent ou non. Les frasques de chaque nouvelle manoeuvre économique n'auraient alors pas eu besoin d'être aussi nourrie de fantaisie pour retenir notre attention, sur ces presque 3h de film durant.
Bien que le jeu y soit de qualité, ce film, marqué par son époque, ne marquera sans doute pas son temps.

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