dimanche 20 octobre 2013

L'extraordinaire ...T.S. Spivet

Titre

L'extraordinaire voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet

Scénaristes

Jean-Pierre Jeunet, Guillaume Laurent, d'après l'oeuvre de Reif Larsen.

Commentaire

Un film pour enfants dont on apprécie la sobre facture, malgré les effets typiques des films de JP Jeunet et l'absence des scènes dures.

1) Points forts
Les personnages sont bien situés. Le père, cowboy réactionnaire. La mère, collectionneuse rêveuse. La soeur, frustrée de n'être pas une star et le frère, plus physique que cérébral. Le terrain est libre pour aider le petit Spivet à se révéler en génie incompris. Les conflits et les obstacles qui tapissent son cheminement se révèlent de ces oppositions omniprésentes.
Le réalisateur ne tombe pas dans la facilité de la 3D gadget comme ce fut le cas par exemple avec le Hugo Cabret de Scorsese. Les animations 3D ne servent qu'à placer l'imaginaire du héros  Une belle trouvaille !


2) Points faibles
On regrettera le côté un peu édulcoré du découpage où, par exemple, la scène de la mort du frère, sensée fonder toute la dramaturgie, a semblé être un tabou pour quelques diffuseurs et n'a simplement pas été visible dans son intégrité. Cela nous empêche, du coup, de comprendre combien le petit génie ne veut pas subir le même sort que son frère, et pourquoi il doit plus que tout autre chose réussir à se tirer de cette impasse sociale. Sa vie n'est ici pas assez mise en danger. L'enjeu n'est pas assez nourri. Un sentiment d'attente en ressort dans la progression du récit.

3) Le même scénario, réécrit
Pour gagner en efficacité et, indirectement, élargir le public, il aurait fallu mettre en scène la mort du jumeau sans tomber dans une vue trop crue. JP Jeunet qui nous a habitué à ne pas coller de violons sur les scènes d'émotion aurait certainement su trouver le moyen de montrer la mort avec sobriété, mais la montrer quand même ! La suggestion qui a été faite demeure bien trop faible pour engager le spectateur. Il aurait également été utile que Spivet Junior nous indique que rester dans sa campagne natale lui aurait coûté la vie, et pourquoi. Le simple fait de rebondir sur cette mort terrible, si elle avait été montrée, et sur la menace permanente de son père, aurait pu suffire à renforcer l'attrait général du récit. Un moment agréable cela dit, aux effets 3D enfin mesurés.

9 mois ferme

Titre

9 mois ferme

Scénaristes

Albert Dupontel

Commentaire

Le film déjanté le mieux structuré et rythmé des films d'Albert Dupontel. Un humour décalé dans une période trop sérieuse qui fait du bien par où ça passe.

1) Points forts
La caractérisation des personnages est radicale et efficace. Une femme juge (Sandrine Kiberlain), coincée, sévère, acharnée, doit avouer une relation improbable avec un voyou infréquentable (Albert Dupontel). Cette caractérisation est la clé de voute qui structure toute la ligne de conflits et rend dynamique cette comédie à la fois réaliste et burlesque.
Le réalisateur n'a également pas hésité à rogner les scènes inutiles et cela s'avère véritablement payant. On ne s'ennuie pas une seconde dans cette oeuvre de seulement 1h22.


2) Points faibles
Quelques effets comiques un peu lourds persistent toutefois mais n'affectent pas le mécanisme général, dont la trame bien ficelée permet ces digressions. Par exemple, on apprécie l'insert de Flashs d'informations incluant des gags multiples (version antiope, faits divers invraisemblables). Mais la répétition multiple de ces flashs n'apporte rien à la progression du récit ni au comique.
De même, l'avocat de la victime possède un défaut d'élocution tellement invraisemblable que cela perturbe presque l'attention du spectateur et la logique narrative.

3) Le même scénario, réécrit
Mis à part quelques gags qui forcent un peu le trait, la comédie fonctionne très bien et ne requiert pas de réécriture. Un bon cru, ce Dupontel.