dimanche 22 septembre 2013

Le majordome

Titre

Le majordome

Scénaristes

Lee Daniels (Precious), Will Haygood, Danny Strong (Grey's anatomy).

Commentaire

Une film historique sur l'apartheid, d'une grande sensibilité, passé presque inaperçu dans cette période de grands troubles économiques à mille lieues de ces préoccupations-là.

1) Points forts
Le scénario ne succombe pas à la facile surenchère de violence et d'injustice. Il tire sa force de l'intégrité des personnages dont il relate la petite histoire dans la grande Histoire.
Le personnage principal du majordome Cecil Gaines (Forest Whitaker) affirme sa ligne de conduite en conservant, à toute épreuve depuis sa plus jeune enfance, calme et courtoisie envers l'élite blanche qui terrorise les gens de couleurs dont il fait partie. Son caractère se construit par les épreuves contre lesquelles il décide de ne jamais agir. Sans ces épreuves, le récit serait tombé à plat.
Les personnages secondaires vivent chacun différemment l'horreur. Ils aident à caractériser le héro en montrant comment ce dernier aurait pu agir s'il n'était pas resté humble et patient.

2) Points faibles
Le récit ne traite que l'apartheid et se termine sur une happy end, comme si le problème était définitvement résolu et comme si les gens de couleurs n'avaient pas non plus d'autres soucis que seulement l'apartheid, ce qui est déjà considérable. De ce fait, il peut jaillir une sorte d'ambiance flottante peu en phase avec la réalité du monde, et de son actualité, plus attachée à résoudre des enjeux géopolitiques occident/orient, écologiques et économiques. Si à cela on considère que l'élection du président Obama n'a rien de définitif dans le racisme anti-noir, le récit, dans sa globalité angélique, manque un peu de réalisme. Ce qui indirectement dessert son propos.

3) Le même scénario, réécrit
Pour ancrer davantage ce scénario très sensible au demeurant, dans la réalité contemporaine, et donc, toucher un public encore plus large, il aurait fallu intégrer ça et là, un enjeu ethnique aux conséquences également économiques, écologiques et géopolitiques, plus universels. Ils sont déjà abordés par les décisions arbitraires des différents présidents des USA qui se succèdent, auprès du majordome. On pense, par exemple, à la manière dont Nixon ou Reagan agissent devant le Majordome au mépris du peuple noir. Mais la résonance de ces actions avec le monde actuel ne tient pas. Pour cela, on aurait aimé voir la manière dont les noirs sont souvent également exclus de la grande finance, comment ils subissent les ravages écologiques, et en quoi l'élection de Obama n'a été que de la poudre aux yeux, face à un racisme persistant et un gouvernement composé des mêmes élites que l'équipe qu'il succéda. Le sentiment d'injustice aurait perduré malgré la réalisation du personnage principal ému de voir cependant un premier noir élu président des USA. L'émotion en serait sortie davantage grandie et surtout plus universelle.