lundi 20 mai 2013

La piscine

Titre

La piscine

Scénaristes

Jean-Emmanuel Conil, Jean-Claude Carrière.

Commentaire

Une oeuvre d'abord psychologique qui fonctionne en intégrant beaucoup du fantasme et de l'attente du spectateur, comme liant narratif, à des scènes que nous jugerions aujourd'hui un peu trop diluées pour notre époque contemporaine, mais qui étaient nécessaires sans doute pour imposer une esthétique très sensuelle en 1968.

1) Points forts
Ce récit, et l'image qui en découle à l'écran, offrent une excellente photographie de la représentation bourgeoise de 1968. Ce qui en fait une oeuvre sociologique incontournable et marquée par une époque où tout couple matériellement épanoui chercherait, dans une liberté de moeurs, un petit plus pour flatter sa vie.
On appréciera surtout les non-dits au début du récit par lesquels un climat tendu se dessine. Seuls des regards et des expressions entre hommes et femmes envisagent l'impensable luxure qui rongerait un homme et la fille de son meilleur ami et celle de sa propre épouse avec ce même ami.

2) Points faibles
Le récit joue un peu trop sur l'attente du spectateur et l'effet beau couple que forment Alain Delon et Romy Schneider. La tension insufflée par leurs envies respectives d'adultère pouvait peut-être retenir son public à l'époque, encore moralement bridé par la "crinoline", mais ne fonctionnerait plus de nos jours. Le film repose un peu trop sur la crispation ou, au contraire, l'attente libertaire d'un public nouvellement émancipé.

3) Le même scénario, réécrit
L'oeuvre repose amplement sur les valeurs sociales de l'époque. En vieillissant, le scénario fonctionne par nature moins efficacement. Autre temps, autre moeurs ! Pour éviter ce fossé de génération, il aurait fallu raccourcir tout simplement les temps de latence et de digestion de l'action entre chaque scène, et moins focaliser la vue sur ce couple narcissique. Mais le fil dramatique du récit reste par ailleurs bien structuré malgré une déficience de caractérisation des personnages, puisque nous ne savons pour ainsi dire par grand chose sur eux. Les tensions humaines nées de relations potentiellement adultères voire incestueuses ne requièrent généralement en effet aucun placement, tant ces valeurs et ces limites sont de nature universelles. C'est aussi ce qui a fait toute la puissance de ce récit.

Arzhur Caouissin.

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