lundi 24 décembre 2012

L'odyssée de Pi


Titre

L'odyssée de Pi

Scénaristes

David Magee, d'après l'oeuvre de Yann Martel.

Commentaire

Dans cette histoire où une famille indienne doit conduire tout un zoo à l'autre bout de la planète pour survivre, on se perd un peu dans une narration très conduite, qui vient recoller les morceaux n'ayant pas trouvé de liant dans la trame du récit. JP Jenet, initialement pressenti pour la mettre en scène, n'a pas convaincu les producteurs plus attirés par des économies de budget. Etait-ce un bon choix ?

1) Points forts
La confrontation. Elle est dressée entre l'humain et l'animal, face à la famine et à la mort, au beau milieu de l'océan déchainé, une idée digne d'une très grande peinture.

2) Points faibles
La dispersion de l'action et le narrateur.

L'auteur a voulu traiter tous les aspects du livre dans ce film et c'est sans doute ce qui lui confère une forme décousue. Le film est parsemé de commentaires en off et de flash-backs inutiles. Ces bavardages sont nuisibles à l'action. L'action, elle, ne propose pas un enjeu très engageant pour le spectateur. On subit avec lui la décision du père de quitter l'Inde. On subit ensuite la tempête en pleine mer. On subit un dialogue post-historique avec un écrivain. On subit la démonstration que le père, qui a imposé le voyage, ne croit en rien et que le fils, qui suit par obéissance, veut croire en tout, sans corrélation entre ces états de fait. Et après ?

Pourtant, l'auteur a eu la brillante idée de jouer sur le parallèle entre une vision idéalisée de la catastrophe maritime et une vision réaliste. Mais cette idée est uniquement abordée en fin de récit et, par l'absence de son traitement au coeur de l'action, prive le spectateur d'une dimension tragique intéressante. Nous aurions pu comprendre parfaitement que le jeune héros cache sa terreur dans l'imaginaire et que c'est cela qui lui aurait sauvé la vie. Mais cet aspect a été ignoré.

3) Le même scénario, réécrit
Il faut recentrer la première partie sur la tentation de notre héros de voir les choses avec fantasmagorie pour nourrir la chute choisie par l'auteur.
Puis, il faut établir un parallèle permanent entre le réel et le fantasme, et semer le doute chez le spectateur tout au long du récit au lieu de le lui faire subir par des événements non choisis et non motivés. Des scènes de naufrage avec des humains doivent, ainsi, alterner les scènes de naufrage avec les animaux imaginaires. Si l'action articule clairement cette vision fantasmée du récit avec le réel, et qu'à un moment donné il doit choisir entre les deux visions pour pouvoir survivre, alors non seulement l'intro et la fin n'auraient besoin d'être si lourdement commentés, mais nous aurions gagné beaucoup en profondeur et l'auteur aurait pu nous transmettre sa vision du monde pour laquelle : il est nécessaire de croire et d'avoir la foi pour survivre.

Arzhur Caouissin.

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